Deux décennies après la publication du premier volume de « Soierie et Société à Lyon et en Bugey au XIXème siècle », un nouveau livre aspire à réaliser le souhait d’Henri Pansu en offrant une version synthétisée de son travail.
Avant son décès en 2016, l’écrivain avait en effet souhaité produire une version allégée de son travail. Version plus digeste, libérée des innombrables annotations et des passages décrivant son processus de recherche.
Intitulé « Claude-Joseph Bonnet, trajectoire d’un soyeux et de ses héritiers à Lyon et en Bugey au 19e siècle », ce livre, actuellement en cours d’élaboration, vous conviera à un voyage temporel pour redécouvrir l’itinéraire de Claude-Joseph Bonnet au fil du 19e siècle. Il révèle les mystères de la production de la soie, les obstacles économiques et sociaux auxquels il a dû faire face. Mais aussi les relations qu’il a tissées avec sa famille et ses associés, ainsi que les marques qu’il a laissées dans le paysage et la mémoire collective.
Précommande
La volumétrie prévue est de 280 pages environ, au format 14 x 21 cm. L’édition est assurée par les héritiers d’Henri Pansu.
Une précommande est en cours sur la plateforme participative KissKissBankBank, avec une parution prévue pour le mois d’octobre 2023.
Réservez dès maintenant votre examplaire de « Claude-Joseph Bonnet, trajectoire d’un soyeux et de ses héritiers à Lyon et en Bugey au 19e siècle » au prix de 15 euros (hors frais d’envoi éventuels).
Lyon, connue pour ses ruelles sinueuses et ses quartiers historiques, abrite une multitude de rues et de places aux noms évocateurs. La Rue Jacquard, la Place Chardonnet, la Rue Vaucanson, tous ces noms ont un point commun : la soierie. Ils ne sont pas le fruit du hasard, mais des témoins tangibles de l’histoire de Lyon, et plus particulièrement de l’importance de l’industrie de la soierie dans le développement économique et social de la ville.
L’industrie de la soierie a marqué l’histoire de Lyon. Dès le XVIe siècle, la ville est devenue un centre majeur de production de la soie en Europe, attirant ouvriers, marchands et inventeurs venus de partout. Cette histoire est inscrite dans les noms de ses rues, qui rendent hommage à des personnalités marquantes de cette industrie, des inventeurs révolutionnant le tissage aux industriels faisant fortune dans le commerce de la soie.
Voici une revue des rues lyonnaises liées à la soierie, mettant en lumière différents types de métiers représentés. Fabricants de soie, inventeurs de machines à tisser, marchands de soie, chimistes développant des techniques de teinture : autant de professions honorées dans la nomenclature des voies lyonnaises.
Il est à noter que certaines des voies mentionnées n’existent plus aujourd’hui. Effacées par les transformations urbaines de Lyon, elles n’ont pas été oubliées. Une section dédiée à la mémoire de ces lieux disparus est présente en fin d’article.
1er arrondissement
Cour du Moirage
Attestée en 1854. Occupait l’ancien cloître du couvent des Feuillants, dans lequel l’Anglais Badger essaya le moirage de la soie, au XVIIIe siècle.
Dénommée en 1928. Hilaire Bernigaud, comte de Chardonnet, chimiste et industriel né à Besançon le 1er mai 1839, mort à Paris le 11 mars 1924. Inventeur de la soie artificielle. A été dénommée place du Commerce avant 1842 et place du Perron jusqu’en 1928.
Créée en 1870. Tisseur de soie renommé et professeur à l’école de la Martinière. Il a apporté plusieurs perfectionnements aux métiers à tisser dont le montage à tringle simplifiant la création de portraits sur soie. Né à Lyon le 12 mars 1794, mort à Charly le 19 février 1848.
Dénommée en 1858. Négociant et agronome, fondateur de la Condition des soies, né en 1731 à la Voulte, mort à Lyon le 27 mars 1821. A été dénommée rue au centre du Clos-Flandrin jusqu’en 1858.
Dénommée en 1829. Jacques Vaucanson, mécanicien grenoblois né en 1709, mort en 1782. Inventeur d’automates (notamment un joueur de flûte traversière), il fut chargé de l’inspection des manufactures de soie pour le roi de France. Il contribua à l’automatisation des métiers à tisser qui lui valut l’hostilité des ouvriers en soie.
Dénommée en 1938. Ingénieur chimiste, il a consacré son existence au traitement des soies aux usines Vullio-Ancel. Né à Lyon (3e) le 15 mai 1866, mort à Lyon (6e) le 23 février 1933. A été dénommée chemin des Tournelles puis rue des Tournelles jusqu’en 1938.
La rue du Professeur Paul Sisley est à cheval sur le 3e et le 8e arrondissement.
Attribuée en 1870. Ébéniste, il a inventé la mécanique ronde à dévider la soie. Né en 1779 à Saint-Nicolas-de-la-Grave (Tarn-et-Garonne), mort à Lyon (1er) le 13 janvier 1856.
Attestée en 1933. Hilaire Bernigaud, comte de Chardonnet, chimiste et industriel né à Besançon le 1er mai 1839, mort à Paris le 11 mars 1924. Il est l’inventeur de la soie artificielle.
Créée en 1870. Après son apprentissage d’ouvrier en soierie, il devint fabricant et fonda des usines à Jujurieux et à Lyon. Né le 18 février 1786 à Jujurieux (Ain), décédé le 12 octobre 1867 à Lyon (1er). Il existait une « place Claude-Joseph Bonnet » qui a été absorbée par les rues adjacentes.
Créée en 1922. Claude Dangon, ouvrier en soie, né à Lyon vers 1550, il y est mort en 1631. Inventeur du métier à la grande tire, pour lequel un privilège lui fut accordé en 1605.
Créée en 1839. Joseph-Marie Jacquard, inventeur du métier qui transforma le tissage de la soierie en réduisant la main d’œuvre. Né à Lyon (paroisse Saint-Nizier) le 7 juillet 1752, mort à Oullins le 7 août 1834. Une rue Jacquard a existé dans le 6e arrondissement jusqu’en 1855.
Dénommée en 2014. Fabricante d’étoffes de soie, épouse de Jacques Ray, propriétaire du terrain. Née à Lyon (paroisse Saint-Pierre Saint-Saturnin) le 6 août 1780, décédée à la Croix-Rousse le 26 septembre 1846. Cette rue a été dénommée rue Célu de 1825 à 1849 et de 1852 à 2014, rue Descorle entre 1849 et 1850 et rue Manuel entre 1850 et 1852.
Dénommée en 1911. Dessinateur de fabrique de soierie. Né à Paris en 1684, mort à Lyon (paroisse Saint-Pierre Saint Saturnin- le 4 décembre 1751. A été nommée petite rue Saint-Pothin jusqu’en 1911.
Dénommée en 1854. Charles-François Lebrun, homme politique, né à Saint-Sauveur en 1739, mort à Saint-Nesme le 16 juin 1824. Duc de Plaisance. A fondé, en 1805, un prix destiné aux auteurs de découvertes relatives aux industries de la soierie. A été dénommée rue Sainte-Catherine de 1831 à 1852 et rue Bernard-Palissy en 1849.
Rue Pernon
Dénommée en 1922. Camille Pernon, fabricant de soieries, né en 1753, mort à Sainte-Foy-lès-Lyon le 14 décembre 1808. Une Pernon a existé dans le 2e arrondissement dans les années 1830.
Dénommée en 1870. Philibert Roussy, fabricant de soieries, perfectionna la fabrication des étoffes façonnées et inventa un frein pour wagons. Né à Saint-Amour le 10 messidor an IV (28 juin 1796), mort à Lyon (3e) le 18 mai 1863.
Créée en 1909. François-Marie-Edmond Chevillard, né le 29 avril 1842 à Lyon, décédé à Lyon (6e) le 3 janvier 1899. Fabricant de soierie. Conseiller municipal de 1881 à 1896, premier adjoint. Administrateur des Hospices.
Attestée en 1900. Adam-Pierre-Eustache Godinot, marchand de soie, membre du Conseil général du Rhône, président du Conseil d’administration des Hospices civils. Né à Lyon (paroisse Saint-Nizier) le 12 décembre 1760, mort à Lyon le 12 septembre 1818.
Attestée en 1905. Né le 27 août 1764 à Saint Chamond, mort à Lyon le 7 décembre 1847. Il a dirigé la maison veuve Guérin soierie et banque de 1785 à 1847. Conseiller municipal et administrateur des Hospices civils. A été dénommée passage Linot.
Attesté de 1793 à 1796. Marie-Joseph Chalier, commerçant en soierie, chef du parti montagnard à Lyon, né à Beaulard (Piemont) en 1747 et guillotiné à Lyon le 16 juillet 1793. Figure emblématique de la Révolution française à Lyon, il devint rapidement un leader politique influent. Ses idéaux républicains et sa volonté de transformer la société le propulsèrent au cœur des événements tumultueux de l’époque, notamment dans son opposition aux Girondins. Cependant, sa trajectoire politique fut brutalement interrompue par son exécution par guillotine à Lyon le 16 juillet 1793. A noter que la rue Emile Zola dans le 2e arrondissement, baptisée du nom du romancier en 1902, s’est appelée Rue Chalier de 1793 à 1796 Elle s’appelait rue Saint-Dominique avant 1793 puis de 1796 à 1902.
Créée en 2003. Cette dénomination a été choisie car elle rappelle une grande époque du textile lyonnais avec le travail de la soie et sa matière première les cocons.
Dénommée en 1854. L’anglais John Badger introduisit l’industrie du moirage de la soie à Lyon en 1753.A été dénommée rue Maurice de 1851 à 1854. A été absorbée par la rue du Bon-Pasteur.
Impasse Rast-Maupas (1er arrondissement)
Attestée en 1923. Négociant et agronome, fondateur de la Condition des soies, né en 1731 à la Voulte, mort à Lyon le 27 mars 1821.
Montée Berna (4e arrondissement)
Dénommée sans suite en 1877. Jean-Charles Berna est l’un des fondateurs à Lyon de la société d’instruction ‘primaire. Né à Mayence, en 1779, riche manufacturier de soie à la Sauvagère, près de l’ïle-Barbe. Mort à Lyon le 27 mai 1832. A été dénommée montée Bonaparte de 1853 à 1878. A changé de dénomination en 1878 : est devenue la montée Hoche.
Rue Déchazelles (4e arrondissement)
Créée en 1870 et renommée en 1933 et 1935. Pierre-Toussaint Déchazelles, peintre, dessinateur en soieries. Né en 1751, mort à Lyon le 15 décembre 1833. S’est écrit aussi rue Deschazelles. Un fragment a changé de dénomination en 1933 : est devenu la rue Bleton. A changé de dénomination en 1935 : est devenue la rue Anselme.
Allée Ringuet (4e arrondissement)
Dénommée de 1922 à 1967. Jean-Pierre Ringuet, dessinateur et fabricant de soieries, né en 1728 à Lyon, décédé entre 1769 et 1771.
Rue Bouchon (4e arrondissement)
Créée en 1922 et supprimée en 1987. Basile Bouchon, ouvrier en soie, inventeur d’un métier à tisser fonctionnant avec des aiguilles, XVIIIe siècle.
Rue Naris (5e arrondissement)
Attestée en 1814. Barthélémy Naris, fondateur, avec Étienne Turquet, de la première manufacture lyonnaise de soierie en 1536. A été absorbée en partie par la place Benoît-Crépu.
Le parcours s’intéresse aux sous-vêtements via toute la panoplie cachée (ou pas) de la femme telle qu’imaginée depuis des siècles : corset, crinoline, soutien-gorge, gaine, bas nylon et collants. » Luxe, mode et intimité, tels sont les maitres-mots de cette exposition qui habille et déshabille les modèles », dit la présentation.
A voir au Musée des Soieries Bonnet
19 bis rue Claude-Joseph Bonnet 01640 Jujurieux
Ouvert du 28 mars au 12 novembre 2023 du mardi au dimanche.
La conclusion du chapitre 1 Tome 1 ici présentée résume le contexte dans lequel Claude-Joseph Bonnet fit ses débuts dans la soierie lyonnaise
Les débuts de Claude-Joseph Bonnet à Lyon furent modestes et somme toute, classiques pour ce fils du commissaire-géomètre de Jujurieux, descendant de marchands et fermiers de rentes d’Ambérieu, né en Bugey au XVIIIe siècle, dans une famille nombreuse. Cette famille qui le dirigea vers la grande ville n’était pas une famille paysanne mais une famille de la bourgeoisie rurale. Elle avait connu un éclatement géographique temporaire et une certaine ouverture intellectuelle dans les dernières décennies du XVIIIe siècle : l’aventure commerçante aux Antilles tentée par l’ainé des oncles de Claude-Joseph, Isaac Bonnet. L’embrassement des carrières juridique et médicale par les frères de celui-ci, Jean-Baptiste et Joseph.
Tenter sa chance à Lyon
Les mariages accompagnèrent le mouvement et étendirent la famille aux quatre coins du nouveau district de Saint-Rambert-en-Bugey : de Cerdon à Tenay, en passant par Jujurieux et Ambérieu. Petite ou moyenne bourgeoisie, mais déjà ambitieuse : à défaut d’argent, elle ménageait à Claude-Joseph Bonnet l’appui de ses relations, le poussait à Lyon vers une carrière de fabricant. Et elle l’aidait à refuser la sécurité illusoire de l’atelier de tissage ; cela dans une ville moderne pour son temps, où dominants et dominés formaient deux mondes séparés. Et puis, il n’était pas seul des siens à Lyon en 1813 : sans parler de ses frères étudiants en droit qu’il avait retrouvés à Lyon, mais qui en étaient repartis pour continuer leurs études à Paris, un de ses cousins germains, Jacques Bonnet, fils de son oncle Joseph, entrait, dès 1812, en apprentissage pour tenter sa chance, lui aussi, dans la fabrique.
Enthousiasmante puis inquiétante Révolution
En Bugey, la famille Bonnet a eu une attitude franchement favorable à la Révolution, en tout cas à une grande partie de son évolution politique. Jean-Baptiste et Joseph Bonnet, notamment, furent de sincères républicains. Enthousiasmante puis inquiétante Révolution : on en avait tiré des avantages, on sortait avec soulagement de ses moments les plus terribles, on était heureux d’échapper aux risques d’un égalitarisme social radical. « La furieuse année 1794 avait emprisonné la glorieuse année 1793 », pour reprendre l’expression de Michelet : là est le moment du décrochage, en effet, pour les Bonnet d’Ambérieu et de Jujurieux.
A Lyon, en revanche, la tourmente n’avait pas changé grand chose à l’organisation réelle de la Fabrique de soierie, malgré son affaissement. Les jeunes gens qui ambitionnaient d’entrer dans le milieu de ses dirigeants, pouvaient constater que la mentalité contre-révolutionnaire y était prédominante et que c’était un fait à prendre en considération.
« Je m’en souviendrai »
C’était avec un mélange d’esprit d’initiative et de prudence, venus de son père et de ses oncles, et le respect des traditions inculqué par sa mère, que Bonnet se lançait dans l’aventure de la Fabrique. Politiquement et socialement, ce Lyon là risquait bien d’en faire un conservateur. Mais dans l’activité professionnelle, serait-il conformiste ou novateur ? Il fit, en tout cas, ses débuts conformément aux usages : l’apprentissage, l’emploi appointé, la mise à son compte. Il fonda sa maison en 1810, maison si modeste au départ qu’elle faillit chavirer très vite, en commençant juste avant que ne survienne une violente crise économique. Je m’en souviendrai, déclara cet homme de vingt cinq ans qui ne céda jamais au découragement.
Chacun des deux tomes du livre sur Claude-Joseph Bonnet comporte un index des personnes citées. Voici toutes les personnalités citées dans « Au temps des pieux notables ». Lorsqu’ils existent, les liens hypertexte renvoient sur une ressource disponible externe au site. Les chiffres correspondent à la numérotation du livre papier.
La Voix de l’Ain a consacré la Une de son cahier local à Henri Pansu et son ouvrage sur Claude-Joseph Bonnet. L’article en date du vendredi 2 août 2012 s’attache en grande partie à montrer la « face cachée » du livre, à savoir la manière dont il a été conçu et fabriqué.
La publication éditée par la Société d’histoire de la révolution de 1848 a présenté l’ouvrage ainsi :
« Nous avions rendu compte, dans cette revue, de la brochure d’Henri Pansu — à la fois histoire et guide pour les touristes — consacrée à l’usine de Jujurieux (Ain), développée au XIXe siècle par le grand fabricant lyonnais Claude-Joseph Bonnet 1. Cette usine a subsisté jusqu’en 2001, devenant finalement aujourd’hui une usine-musée dont le conseil général de l’Ain assure le fonctionnement. Claude-Joseph Bonnet (1786-1867) fut l’un des grands patrons de la soierie lyonnaise ; l’une des rues du quartier lyonnais de la Croix-Rousse porte son nom. Ce travail nous faisait patienter en attendant l’ouvrage annoncé par Henri Pansu sur Claude-Joseph Bonnet lui-même. Le tome I est paru en 2003. Le tome II paraîtra en 2006. C’est l’œuvre d’une vie, le résultat d’un chantier ouvert depuis de nombreuses années, accompagné entre temps de publications diverses (articles, notices, expositions) et d’une implication dans le mouvement associatif (création et présidence de l’association Soierie Vivante qui organise des visites à la Croix-Rousse) qui avaient permis déjà à Henri Pansu de montrer ses talents d’historien. »